vendredi, novembre 06, 2009

Ivano Ghirardini, conférence à Digne les Bains.


Un Bas-Alpin sur les « 8.000 » :
Ivano Ghirardini a découvert en montagne
le précieux de la Vie

« L'alpinisme n'a rien à voir avec la plupart des autres sports : on ne peut pas dire : j'arrête ! »
Yvan Ghirardini, l'homme des solitudes extrêmes et des exploits « impossibles » était, mardi, l'invité des « soirées du Gassendi ».
A une salle comble, ce Bas-Alpin d'origine aujourd'hui transplanté à Chamonix, a dit son amour de la montagne, et a plaidé pour un retour à l'alpinisme des origines : celui tout simplement du plaisir de grimper...
« II faut découvrir sa propre voie ! » Au propre comme au fi¬guré, cette simple phrase expli¬que à elle seule pourquoi Yvan Ghirardini, ce fils d'immigrés ita¬liens installés à Saint-Auban a choisi un jour de gravir les montagnes.
Cette passion, Yvan se l'est chevillée au corps et au cœur et elle ne cesse depuis de le con¬duire sur les plus hautes montagnes du globe.
« Tu te donnes toi-même les moyens »
Yvan n'a pas beaucoup de moyens ? Qu'importe. Il travail¬lera dur pour s'acheter du maté¬riel, fabriquera lui-même celui qu'il ne peut acquérir, couchera à la porte des refuges s'il le faut, faute de ne pouvoir régler le montant des nuitées.
« Lorsque tu veux faire quel¬que chose, tu te donnes toi-mê¬me les moyens » dira-t-il à un jeune grimpeur qui lui posait la question.
Et ces moyens qu'Yvan s'est donnés, l'ont conduit à devenir peu à peu l'un des meilleurs grimpeurs du monde.
C'est cet itinéraire qu'il a retra¬cé au Gassendi, en l'illustrant de superbes diapositives prises au cours de ses diverses expéditions : Le Cervin, où il double en escalade libre une cordée d'écossais planteurs de pitons ; le « Linceul » le bien-nommé où il a failli laisser sa vie dans la fougue de ses 22 ans ; les trois célèbres faces Nord en solitaires en 77 : le Cervin à nouveau, l'éperon Croz aux Grandes Jorasses et l'Eiger surnommé « l'ogre », « Le mangeur d'hom¬me » avec sa paroi de 1800 mè¬tres, l'une des plus hautes des Alpes ; l'entraînement dans des parois qui nous sont plus fami¬lières comme le rocher des Mourres près de Forcalquier, ou la Pierre André en Haute-Ubaye ; puis les grandes expédi¬tions — grandes par le but, mais petites par les moyens — l'échec du Makalu, puis le Mont Mac Kinley — la plus haute montagne d'Amérique du Nord — la face
Sud de l'Aconcagua — le plus haut sommet des Amériques — (première en solo intégral de la face Sud) ; le Mitre-Peak, un sommet vierge de l'Himalaya (première ascension et première solitaire).
Un certain état d'esprit
« L'alpinisme, dit Yvan Ghirar¬dini, ne garde sa valeur que s'il est pratiqué dans un certain état d'esprit ». C'est pour cela qu'il a abandonné les « grosses » expé¬ditions « colonisatrices ». C'est pour cela qu'il porte lui-même son matériel partout où c'est possible — pour que ni les hom¬mes ni les bêtes n'en pâtissent. C'est pour cela qu'il plaide pour un retour à l'alpinisme des origines : au simple plaisir de grim¬per, de trouver « sa voie », de se trouver soi-même.
« La montagne, affirme-t-il, c'est comme la mer, c'est com¬me l'aventure, ça a cet avantage qu'on se rend compte du précieux de la vie... »
Yvan Ghirardini : « II faut découvrir sa propre voie... » (Photo A.-D. M.)
Salle comble pour rencontrer l'homme des solitudes extrêmes. (Photo A.-D. M.)