jeudi, novembre 12, 2009

Ivano Ghirardini, d'un solo à l'autre...


LES HOUCHES 
conférences "Alpinisme vécu".

le bilan:
Après trois années de pratique d'une formule qui a séduit vingt alpinistes de haut niveau et plus de deux mille cinq cents spectateurs, l'heure est à la pause et au bilan.
La pratique de l'alpinisme par une cordée et l'esprit qui prédomine sont caractérisée par la solidarité. La cordée "Ivano Ghirardini-Serge Dozikian" dans la logique de cet esprit montagne, décapitée par le départ du second, arrête là sa progression. Confortée par la réussite d'une formule et par la réalisation de la plupart de ses objectif, l'équipe I. Ghirardini, Office du tourisme présente un bilan positif. Pour le premier nommé, la capitale de l'alpinisme ne fait que trop peu pour les "grands" alpinistes. En leur donnant la parole, en les accueillant et en les aidant à se faire connaitre, il s'agit de réduire ce manque. Pour la station, satisfaire l'intérêt de sa clientèle tout en s'appuyant sur la notoriété de certains grands noms, c'est aussi perpétuer la mémoire alpine et renforcer son image.
Le thème de la sécurité et les hommes qui la représente Les alpinistes de très haut niveau qui ont joué le jeu et qui, sans prétention, sont venus échanger avec le public local sont au nombre de vingt. Par ordre de passage à Olca : Pierre Béghin, en été 1992, soit quelques jours avant son départ pour l'Annapurna et deux petits mois avant sa disparition. D'ailleurs toutes les personnes présentes ce soir là s'interrogent encore sur le côté "prémonitoire" de son discours. Il a été suivi par Jean-Christophe Lafaille, Marc Batard, Patrick Gabarrou en route pour les "cathédrales de lumière". Par Thierry Renault qui, dans ses cascades de glace, voit un jeu d'ombre et poursuit la lumière... Alain Ghersen, Mark Twight et Yvano Ghirardini sont aussi venus en 1992.
Chantai Mauduit "simple, disponible et modeste" a ouvert en 93, précé¬dent François Marsigny, François Damilano, René Robert, Patrice Bo-din et Catherine Destivelle. Jeff Lowe représente la réussite "espérée" puisque son séjour aura été entièrement financé par cette conférence.

Quant au PGHM, pour clore la saison, ce fut le plus gros succès en terme de public quant au nombre, à l'intérêt et à la curiosité.
L'année 94 verra, parmi les néo conférenciers, Vicky Groselj, Slatko Sveticic et Jean-Pierre Frachon. L'indispensable transmission du savoir lié à l'expérience Toujours pour Ivano, ce qu'il retire de ces trois années et de sa fréquentation des "grands", c'est "qu'ils sont tous  passionnés,  mystiques,   imprégnés d'une spiritualité cachée, libres et avides de liberté. Que pour tous les amis disparus restent présents (Casarotto, Kuskuska, Hasegawa...) et la famille des alpinistes bien réelle".
Il remercie tous ceux qui, sympa, ont joué le jeu et fait honneur à la station.

Si une pause lui parait "aller de soi", il n'exclut pas de continuer dans une formule affinée. Toujours adaptée à
l'image de la station, celle-ci mettrait un peu plus l'accent sur la sensibilisation des gens. Que ce soit dans les domaines de la sécurité, de la météo, de la prévention etc...Il pense indispensable et nécessaire, cette transmission du savoir et cette notion de sécurité liée à l'expérience que font passer les alpinistes et sportifs de haut niveau.
Gaby DUFOUR –Le Dauphiné Libéré.

La conférence d’ Ivano Ghirardini.
Ivano est un adepte de l'alpinisme "solo", Sa conférence (la dernière de la série "Alpinisme vécu") et son diaporama sont d'emblée, consacrés aux premières qui ont établi sa notoriété. C'est-à-dire à l'idée, puis à la réalisation de ce qui est aujourd'hui labellisé sous l'appellation "La trilogie". Autrement dit gravir la même saison d'hiver, les trois faces nord mythiques des Alpes, celles qui constituent pour les alpinistes de pointe des années trente, "Les 3 derniers problèmes des Alpes". Soit la face nord du Cervin, gravie le \" août 1931 par les frères Franz et Tony Schmid. Celle des Grandes-Jorasses, le 29 juin 1935, par les Allemands Peters et Meïer. Et celle enfin de l'Eiger, le 23 juillet 1938, par Heckmair Vorg, Kaspareck et Harrer. Toutes conquêtes qui, le recul permet de le confirmer, marquent l'apogée de l'alpinisme traditionnel de la première moitié du siècle.
Une expérience humaine "pesante"
Après sa réussite dramatique de l'ascension du Linceul des Grandes-Jorasses, puis son errance chanceuse dans la face sud, en 1975, Ivano rentre à la maison fort de ses convictions mystiques. Il entreprend, toujours en solo et avec succès, l'hiver 1978, l'ascension de l'éperon Croz à la face nord des Jorasses, la face nord du Cervin puis celle de l'Eiger.
Cette réussite le propulse ensuite sur quelques-uns des plus hauts sommets : le Makalu, en hiver, par le pilier ouest, le Mac Kinley, l'Aconcagua et ses 6 959 mètres. Le Nangat Parbat, tentation puis tombeau de Mumery, père de l'alpinisme acrobatique. Le Mitre Peak et une ascension périlleuse. Le K2 enfin, tenté et presque réussi par une "équipe de France de l'alpinisme", théâtre pour Ivano d'une expérience humaine pesante avec la mort "dans ses bras", du porteur Laskar khan.
Deux petits rongeurs d'espace et d'aventure
II proposa ensuite des images de ses dernières premières alpines, que ce soit à l'Aiguille de Saussure, sur les flancs du Mont-Blanc-du-Tacul, ou à la face nord des Jorasses avec "Rêve éphémère", réussie cette année.Après avoir évoqué et faite sienne la prédiction des Incas : "Pour qui les glaciers vont fondre et ce sera une autre civilisation!", il clôt cette soirée et le cycle des conférences "Alpinisme vécu", sur une image en contre-jour de deux petits rongeurs dévoreurs "sans prétention" d'espaces et d'aventure. Un symbole...
Gaby DUFOUR



Photo: Ivano Ghirardini lors de la conquête en solitaire du Mitre Peak, 6010m, Pakistan, Karakorum.