lundi, novembre 09, 2009

Interview d'Ivano Ghirardini dans le Compas.


Ivano Ghirardini
Alpiniste des "Solitudes Extrêmes"

Ivan Ghirardini, interviewé pour Le Compas par nos amis macrobiotiques savoyards, est un alpiniste extraordinaire, à la conquête des sommets les plus difficiles, dans une recherche qui dépasse l'exploit sportif et se situe sur les voies spirituelles. Sa métamorphose met aussi en évidence l'impor¬tance des ressources morales et spirituelles.
Nous le remercions pour son pré¬cieux témoignage, source d'espoir à méditer pour tous ceux qui se croient dans une "impasse".
J.C
Le Compas : Aviez-vous des prédispositions pour la montagne ? Yvan Ghirardini : Rien ne me destinait à faire de la montagne au début. Je fai¬sais des études de maths pour devenir ingénieur. Vers 20 ans, j'ai eu un cap où la vie que je menais ne me convenait pas. J'étais alors en maths sup. à Marseille, j'ai découvert la montagne au cours d'une randonnée à pied en Haute-Provence, dans le massif des Trois Evêchés. Ce fut comme une vocation, une découverte, je me sentis fait pour ça. J'abandonnais rapidement mes études pour faire de la montagne car je sentais que je faisais fausse route.
En une saison, j'ai fait près de 40 ascencions, souvent le Mont Blanc en solitaire et je suis devenu aspirant guide en 1974.
L.C. : Dans vos récits d'escalades, ce qui frappe, c'est l'aspect mystique de votre expérience.
Y.G. : Ce n'était pas primordial au départ. Ce qui m'attirait, au début, c'était de gravir la montagne. C'est après être devenu aspirant guide que je me suis posé des questions. J'ai com¬mencé à perdre mes dents à 14 ans, je les avais presque toutes perdues à 20 ans. J'ai pris conscience de ma dégénérescence, comme si je n'atteignais pas en tant qu'homme le maximum de ce que je pouvais donner. C'est un état difficile à décrire. Dans la vie, il y a de très belles choses à comprendre et à atteindre, mais la plupart des hommes passent à côté. Ils ne vivent pas vraiment.
C'est pour cela que j'ai voulu me remettre en question. Je suis allé faire le Linceul (1 ) dans les Grandes Joras-ses. Cette expérience n'a rien à voir avec l'alpinisme, j'ai voulu aller jusqu'au bout de cette aventure.
Le 4ème jour, j'ai perdu le joint d'étanchéité de mon réchaud, je n'avais plus rien à boire, cependant j'ai décidé de continuer. C'était la première hivernale, en solitaire, des Grandes Jorasses.
J'avais 22 ans, j'avais trop présumé de mes forces. Je ne me rendais pas compte qu'il fallait boire énormément en hiver, 3 à 5 litres par jour. Je ne mangeais plus que de la glace, et en 2 jours, je me retrouvais complètement épuisé.
Je suis resté bloqué 6 jours vers 3700 m, ce qui faisait 8 jours sans boire, en suçant seulement de la glace, et 6 jours sans manger. Je n'avais plus que 32 ° de température. Je me suis trouvé vraiment face à la mort
Marie-Jeanne Ghirardini : C'est au cours de cette ascension que tu as commencé à jeter tes cigarettes.
I.G. : Je ne m'étais jamais intéressé à l'alimentation saine. Avant je mangeais de la viande, je fumais. Au Linceul, cela ne correspondait pas avec ce que je voulais faire, j'ai donc jeté ma viande et mes cigarettes. Je voulais me dépouiller de tout.
A la fin, c'était un peu le délire, je n'avais plus rien à manger, mais cela correspondait à ce que je cherchais.
C'est indescriptible. C'est quelque chose qui est dans l'esprit, qui marque mais que je ne peux pas exprimer par des mots ou des paroles.
A partir de là, j'ai continué à faire des expériences semblables. C'est comme si j'avais noué un dialogue avec quel¬que chose qui est au-dessus ; après, je me suis de nouveau retrouvé seul. Là, pendant quelques jours, j'étais près de quelque chose, mais je ne l'ai pas réalisé.
J'ai poursuivi ma recherche, j'ai con¬tinué de l'approfondir, pour être plus près de cette "chose". Au Linceul, que ça aille ou que ça n'aille pas, je conti¬nuais, mais par la suite, lorsque j'ai fait d'autres expériences j'ai toujours essayé de les faire de façon plus mûre, plus équilibrée, plus réfléchie, L.C. : Vous avez voulu aller jusqu'au bout de vos possibilités ! I.G. : Au Linceul, oui.
M-J.G. : Au départ, ce n'était pas ce but là ; c'est après, quand tu as perdu ton réchaud.
I.G. : Au Linceul, je savais que j'allais vers quelque chose, c'est curieux, dans tout ce que j'ai entrepris, c'est comme si je savais presque à l'avance ce qui allait se passer.
Lorsque j'ai réalisé l'ascension des "Trois Derniers Problèmes des Alpes" (2), c'était la première fois qu'un homme gravissait ces trois faces en solitaire dans le même hiver ; c'est une date dans l'histoire de l'alpinisme. J'avais cumulé toutes les difficultées, mais avant de partir, j'étais sûr de réussir, comme si l'acte ne m'appartenait pas. Le seul moment durant lequel j'ai manifesté de l'orgueil, je suis tombé. Ces choses ne sont pas toujours explicables. Lorsque je veux entreprendre des aventures de cet ordre, je me sens comme porté par une force qui m'aide et me protège. Actuellement, je ne sais quelle sera ma démarche, je suis seul dans ma recherche. L.C. : Est-ce une force mystique qui vous anime ?
IG : Je ne sais pas comment décrire cet état. Je cherche, j'ai besoin de me dépasser, si je restais tel que je suis, ce ne serait pas la peine de vivre, je préférerais me suicider.
L.C. : Après le Linceul, avez-vous mis en question la façon de vous nourrir ? I.G. : J'avais commencé un peu avant. Au linceul j'ai jeté la viande, ensuite j'ai repensé la question de la nourriture. Maintenant je me rends compte que, dans une certaine mesure, la nourriture n'est pas très importante. S'il est préférable de manger des produits sains, le plus important n'est pas là. Comme l'a dit le Christ, ce n'est pas ce qui rentre dans la bouche de l'homme qui est important, mais ce qui en sort. Si l'on est suffisamment sain spirituellement, on peut manger n'importe quoi. Ce que l'on pense de mal, ce que l'on dit de mal, ce que l'on va dire de mal, voilà ce qui est grave. Je connais des gens qui mangent de la viande et qui sont très équilibrés.
L.C. : Ne pensez-vous pas que, selon ce que l'on mange, on pense différemment ?
I.G. : C'est sans doute vrai, mais il ne faut pas s'enfermer dans la nourriture. Le plus important c'est l'esprit et la force de cet esprit. Le Christ ou les Apôtres mangeaient de la viande. St Paul pouvait être piqué par un serpent venimeux sans en sentir les effets. L'Homme est plus que l'aliment. Notre nourriture doit avant tout être spirituelle.
L.C. : Lorsque le Christ a voulu se préparer à de grandes choses, il a jeûné. I.G. : Oui, mais ensuite il ne jeûnait plus pendant sa mission.
Il y a des étapes où l'on s'impose des épreuves. Une grande course, une grande escalade, c'est une recherche, une ascèse. En hivernale on jeûne pendant des jours et des jours. Je ne suis pas encore "réalisé", il y a des épreuves par lesquelles il faut passer. Il n'y a pas beaucoup d'hommes qui SONT. L'individu qui EST n'a pas besoin de tout cela. Il est au-dessus de l'aliment.
Chacun suit une voie différente, ce peut être l'ascèse physique, le yoga... , ces voies différentes conduisent au même but : se "réaliser" entièrement, être vraiment en contact avec cette force que l'on peut appeler Dieu, ou autrement, le nom .n'a pas d'importance.
L'expérience que j'ai est purement personnelle, je ne suis pas passé par une école, ce que j'ai vécu, ce que j'ai senti, j'ai essayé de le comprendre à ma façon. Parfois, je ne sais pas trop où j'en suis.
L.C. : Est-ce en montagne que vous réalisez le mieux vos aspirations ? I.G. : J'ai besoin de la montagne, pour moi c'est quelque chose de formidable, mais ce n'est qu'une étape ; je ne pense pas que je m'arrêterai à la mon¬tagne, que j'en ferai»le but essentiel de ma vie. En fait, c'est une "impasse spi¬rituelle", un doute s'installe : pourquoi prendre tous ces risques ? Pourquoi y aller seul ? N'existe-t-il pas des actes qui seraient plus utiles aux autres ?
Après les Trois Faces Nord, je suis passé par une période de doutes, je voyais tout ce vide... , la face nord de l'Eiger, sans corde, sans rien... , la moindre faute... C'est idiot de mettre sa vie en péril pour cela.
Maintenant, je me rends compte que c'est peut-être un message, une façon de vivre qui peut faire réfléchir et peut être utile aux autres, mieux qu'en les aidant carrément. Ce que je fais ne m'appartient pas, j'en ai vraiment conscience. Ce que je fais moi-même, je le fais mal, mais les Trois Faces Nord, ça a marché "comme sur des roulettes" parce que ça ne m'appartenait pas ; ça ne nous appartenait pas (parce que ma femme m'a beaucoup aidé). C'est bizarre. Allez, il ne faut pas trop y penser, le prendre trop au sérieux sinon l'on ne s'en sort plus...
L.C. : Comment avez-vous abordé le problème alimentaire au moment des Trois Faces Nord ? I.G. : A cette époque j'y croyais beau¬coup plus que maintenant. Cependant, en préparant mon projet en escalade solitaire de l'hiver prochain, je vais y penser beaucoup, mais cela n'aura plus la même importance.
L.C. : Lorsque vous changez d'alimentation, est-ce que votre condition physique est différente ? I.G. : II y avait 8 ans que nous n'avions plus mangé de viande et au Mitre Peak (3), lorsque nous n'avions plus rien à manger, nous avons découvert une boîte de corned-beef, nous avons trouvé cela très bon. Cela n'a pas changé notre forme. Je le redis, il faut dominer la chose. Evidemment, il faut éviter les écarts, je crois que, lorsqu'on est engagé dans une voie, il faut continuer.
L.C. : Ne pensez-vous pas que l'alimentation modifie votre comporte¬ment ?
I.G. : Oui, on voit les choses d'une tout autre façon, même les rapports avec la nature changent.
Par exemple, cette année, au Pakistan, en arrivant au camp de base, nous avons vu s'enfuir un troupeau de 35 ibex ; ce sont les chamois de la région, ils sont très farouches et rares sont les expéditions qui les voient car ils ne s'approchent pas de l'homme. Cependant, les pâturages étant rares, ils sont revenus tous les matins très près de nous ; nous n'avons même pas fait de photos pour ne pas les déranger. Le porteur était étonné de voir des ibex.
Au K 2 (4) j'ai eu des problèmes, avec mes camarades car je ne voulais pas de viande ou certains autres aliments. Nous n'avions plus la même vision que les autres. A la fin je me suis trouvé isolé.
M-J.G. : II semble que cela dérange les autres plus que nous !
I.G. : Oui, ça leur fait se poser des questions. Nous suivons une voie d'efforts. Nous nous imposons une certaine discipline alors que la plupart des gens n'en suivent pas. Cela peut amener parfois une certaine hostilité, mais si nous sommes avec de vrais amis, il n'y a pas d'hostilité.
Mes étapes sont plus spectaculaires parce qu'elles se déroulent en alpinisme de haut niveau, cependant la démarche que j'ai suivie est la même que celle d'autres personnes, je le dis de plus en plus.
Il est possible de s'élever davantage spirituellement en faisant de la randonnée ou de la promenade en montagne qu'en réalisant des courses extrêmes. Ce n'est pas un critère pour moi.
L.C. :  II n'est pas indispensable de faire les Trois Faces Nord pour parvenir à ce degré de spiritualité ? I.G. : Non, pas du tout.
M-J.G : D'autres arrivent à la même chose que toi dans des disciplines différentes : la mer, le dévouement,etc. Le principal est d'atteindre le but. I.'G. : Chacun suit une voie personnelle. Pour moi, c'est la montagne, j'adore ces courses solitaires. C'est un autre monde, c'est fou les difficultés qu'il faut surmonter, être obligé de se con¬centrer, c'est extrêmement grisant, en même temps il y a la peur à dominer ; ces sensations sont indescriptibles. Mais pour certains, une simple ballade
en   montagne,   à   la   découverte   des fleurs peut être aussi bien. L.C. : Je pense aussi que l'on com¬prend  mieux ceux qui  ne sont pas comme nous ?
I.G. : Oui, on devient plus tolérant. Il ne faut pas être sectaire mais admettre qu'il y a beaucoup de voies pour arri¬ver. Lorsqu'on présente un comporte¬ment différent de celui des autres, on attire l'hostilité. C'est pour cela que Jésus a été crucifié alors qu'il rayonnait d'amour. Nous l'avons constaté au Pakistan, alors que nous faisions notre expédition avec peu de moyens, une hostilité s'est cristallisée autour de nous.
M-J.G : Je me rends compte qu'il faut "s'en sortir ensemble", il n'y a pas tellement de solutions individuelles, sauf pour un grand mystique et sa démarche d'aller vers les autres par la prière. Nous sommes tous solidaires. L.C. : Vous connaissez la Macrobiotique ?
I.G. : J'ai lu un peu Ohsawa. Nous mangeons du riz complet, des légu¬mes, des fruits, du miso, du tamari. Nous apprécions beaucoup le miso en montagne avec de la purée d'aman¬des ; c'est très concentré. J'ai utilisé l'argile pour mes pieds. Après le Linceul, j'avais une plaie qui suppurait car j'ai eu les pieds gelés. Le pus a coulé sans arrêt pendant 7 mois. J'ai vu plu¬sieurs médecins qui m'ont donné des médicaments, mais sans résultat. J'ai rencontré quelqu'un qui m'a expliqué comment faire des cataplasmes d'argile ; cela a fait sortir beaucoup de pus, la plaie est devenue rouge et a guéri en un mois.
Par exemple, au K 2, avec mon alimentation, j'ai vu que j'étais le plus en forme de l'expédition à la fin des trois mois de haute altitude. Au retour je courais, j'étais bien. J'avais démarré plus lentement aussi. Il y a une diffé¬rence entre les grimpeurs : les gars qui ont une alimentation carnée sont plus agressifs alors que je suis plus relaxe, je ne force pas, même dans les grandes escalades. Je prends un rythme tranquille, je vais à l'économie. Je ne veux pas faire de compétition.
L.C. : Quelle est l'attitude de vos clients vis-à-vis de votre façon de voir, de vous nourrir ? I.G. : J'essaie de faire mon métier de guide. Si l'on me pose des questions, je réponds, mais je n'axe plus ma vie sur ce travail ; j'essaie plutôt de faire des expéditions, de poursuivre mes recherches.
L'Himalaya, la haute altitude, me fascinent. Au-dessus de 7000, 8000, l'air est différent, il y a quelque chose d'indescriptible.
Au K 2, mon camarade était fatigué, j'ai continué et bivouaqué seul, j'ai vu le soleil se coucher, la lune se lever, l'ombre du K 2 s'étendre sur le Tibet chinois. A 8350 m, sans oxygène, c'était formidable. Les expéditions d'autrefois restaient peu en altitude, au K 2 l'on s'est aperçu que l'on pouvait tenir très longtemps, 1 2 jours à 7500 m, et je suis monté 3 fois au-dessus de 8000 m pendant ces douze jours. En durée, c'est un record de vie en très haute altitude. Pour le dernier assaut j'étais fatigué, en outre, nous n'avions plus rien à manger, mais il y a quelque chose qui m'a fasciné ; c'est une expérience que je veux poursuivre. Les pou¬mons se développent ; l'oxygène c'est très important et il y en a peu, alors tout se développe pour essayer de respirer. C'est comme un jeûne par manque d'oxygène. C'est un jeûne total, aussi, après ces douze jours j'avais fondu, j'étais maigre.
M-J.G. : II y a peu d'hommes qui se remettent en question et trouvent leur voie.
I.G. : Pour moi, l'alpinisme est une facilité, car me remettre en question, c'est dire : « Non, j'arrête ».
Le sport de compétition qui oblige à lutter, à forcer son corps conduit à la tricherie, au dopage, il n'y a rien de plus horrible que de mettre le temps au sommet de l'échelle des valeurs.
En montagne aussi la tendance est aux horaires, je ne veux pas entrer dans ce système-là. Il ne faut pas se forcer dans la vie, il faut persévérer, mais pas se forcer. Les Russes se sont aperçu que l'entraînement ne permettait pas de se dépasser alors que le yoga le permet. Celui qui serait le' plus fort serait celui qui arriverait à marcher sur l'eau, ce serait le 7e degré. C'est ceux qui n'ont pas de tête qui doivent forcer. Si l'on persévère dans son action, sans trop se forcer mais sans se laisser aller, à un moment donné on arrive à un état formidable, on se sent tellement bien dans son corps que l'on peut grimper facilement, comme au K 2 où j'ai marché des jours et des jours... ça coule.
L.C. : C'est un état de grâce.
I.G. :   Ça ne dure pas trop longtemps
car on a tendance à en profiter. Rien n'est jamais acquis et plus l'on va haut et loin, plus la chute peut être terrible et brutale.
« Avant le Linceul, je fuyais en montagne parce que j'avais peur d'affronter la vie, de regarder les réalités en face. A présent, j'ai entrepris un long travail de régénération qui me demandera toute une vie d'efforts, une discipline sévère du corps et de l'esprit. Qu'importe de gravir une paroi extrême ? Il existe en nous des barrières plus infranchissables encore. Le 7e degré n'est pas après le 6e, il est en nous. »
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Le Linceul . glacier suspendu barrant la face nord des Grandes Jurasses
Les Trois Faces Nord : l'Eiger, le Cervin, les Grandes Jurasses
Le Mitre Peak . sommet de 601 0 m, Kara-koum (Himalaya)
Le K 2    second sommet du monde (8760 rn) situé dans la chaîne de l'Himalaya
Extrait de la revue "La Montagne" (n°  1  de 1 976)
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"Chemin" parcouru par Ivan Ghirardini
1972 : découvre l'escalade.
1 973 : découvre l'alpinisme.
1 974 : aspirant guide.
1975  : 1e ascension solitaire hivernale du Linceul.
1976  :   5  premières  dans  les  Alpes calcaires.
1977  :   Janvier:   tentative   hivernale solitaire face nord du Cervin. Décembre :   3e  solitaire   hivernale  en 9 h.
1978  :  1e solitaire hivernale de l'épe¬ron Croz.
Face nord des Grande Jorasses.
2° solitaire hivernale de la face nord de
l'Eiger.
1979  :   Expédition  nationale  au  K  2 (861 1 m) éperon sud, sud-ouest.
1980  :   1e ascension  du  Mitre  Peak (6010 m),  Karakoum (Himalaya), en solitaire.
1981   :   1e ascension  en  solitaire  et style alpin, face sud de l'Aconcagua (6959 m).
Interview réalisée le 21/9/1980 aux rochers des Gaillands, à Chamonix, avec la collaboration de Anne et Mary Gilbert, Annie et Jean Sauvebois.
ALIMENTA TION pour résoudre les
"Trois derniers problèmes des Alpes"
« Pour la préparation et la réali¬sation de ces courses, je n 'ai uti¬lisé aucun produit carné (viande, poisson, pâté, lard, etc.) et pro¬duits dénaturés ou déminérali¬sants (farine blanche, sucre blanc, vitamines de synthèse ou extra/¬tes, etc.).
Mon alimentation habituelle est faite de fruits de saison ou secs, de céréales complètes, de légu¬mes de saison, d'algues marines avec encore quelques sous-produits animaux : fromages et œufs de temps en temps.
Vivres de course : miel, aman¬des, fruits secs, Bircher Muesli, algues séchées, m/so et purée d'amandes, potages de légumes, fruits et légumes lyophilisés, infusions, ail et quelques biscuits com¬plets. Réserve de survie : cent amandes.
Une alimentation de ce type a l'avantage d'être très énergétique sans encrasser l'organisme (acide urique de la viande par exemple). Il est nécessaire de bien /'équili¬brer et cela dépend non seulement de la valeur nutritive des aliments mais surtout de l'assimilation. Une adaptation progressive est donc nécessaire. »
I.G.
Extrait de l'article Les trois derniers pro¬blèmes, un aboutissement de la conquête des Alpes, paru dans la revue La Monta¬gne n°1 1 2-2/1978

Le Compas N ° 1 9 - Automne 1981

Qu'importe de gravir une paroi extrême ? Il existe en nous des barrières plus infranchissables encore.