mercredi, novembre 04, 2009

Ivano Ghirardini, bourse de la vocation 1981



Grimpeur solitaire, Ivano GHIRARDINI
V               .                                                 -.-y"». ••                           .-.-
a découvert la montagne l'été du bac
(Suite de la 1èrepage)
Saint-Auban, dans les Alpes de Haute-Provence, où il habitait alors, il n'y avait ni C.A.F., ni école de montagne. Il apprend donc tout seul, grimpant comme un chat dans les rochers proches. Les progrès seront fulgurants, qu'on en juge : 1973, en Haute Ubaye, il ouvre la « voie du Pendu » (extrêmement difficile), et réa­lise pendant Tété plus de 40 ascensions en solitaire à la Meije, au Pelvoux et autres lieux. En 1974, il passe avec succès l'examen d'aspirant-guide.
Alpes et Himalaya
* En 1975, il a 22 ans, et ne pratique la montagne que depuis 3 ans. C'est alors pour­tant qu'il se lance dans la pre­mière hivernale en solitaire de la face nord des Grandes Jorasses, par le Linceul... Mais, l'ascension réussie, le retour est dramatique. Dans la tem­pête, il perd son réchaud. Il reste 8 jours sans boire, 6 jours sans manger. Au bout de 10 jours, ses sauveteurs le retrou­vent en piteux état, épuisé, en hypothermie : sa température n'était plus que de 30°C, et il a des gelures aux pieds.
: Ce sauvetage le traumatise, et lui impose une année d'arrêt. On le retrouve donc en 1977, échouant à 150 m du sommet , lors de la première hivernale de la face nord du Cervin. Malgré \ ce demi-succès, il reprend confiance. L'hiver suivant, en ; 1978, il gravit successivement, .toujours en solitaire, les faces nord des trois plus difficiles sommets alpins : le Cervin, les Grandes Jorasses, l'Eiger.
; « Ces trois sommets résument pour moi toute l'histoire de la conquête des sommets alpins, remarque Ivan Ghirardini. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à être connu dans le monde de la montagne. En 1979, j'ai été invité à parti­ciper à l'expédition nationale française au « K. 2. » (8.611m). C'est le deuxième sommet du monde et il est situé au Pakistan ».
La solitude du grimpeur de fond
« Je n'étais pas très à l'aise dans cette expédition, trop « lourde » pour moi qui suis habituée partir en solitaire avec très peu de matériel. Pensez : pour 14 grimpeurs, H y avait 30 tonnes de matériel et 1.400 por­teurs ! L'expédition a échoué, mais j'ai pu battre un record de durée, en restant en continu pendant 12 jours à plus de 7.500 mètres d'altitude, en grimpant 3 fois à plus de 8.000 mètres et en bivoua­quant à  8.350 mètres ».
Après cette première expé­rience himalayenne, Ivan s'attaque en 1980 à un « petit » sommet pakistanais, le « Mitre Peak » (6.010 mètres) qui doit son nom à sa ressemblance avec une coiffe épiscopale. Une ascension extrêmement difficile, rendue en outre dan­gereuse par les avalanches et les chutes de pierres. Une expédition « lourde » améri­caine s'y était cassé le nez en 1976. Ivan Ghirardini part avec sa jeune femme, Marie-Jeanne, promue au rang de « responsable médicale de l'expédition », et 10 porteurs : il n'a pas de quoi en payer plus. Après 3 semaines de marche d'approche, le sommet est conquis  , en solitaire en trois jours. Au retour, il est mis à l'amende par les autorités pakistanaises. Motif : n'a pas embauché assez de porteurs !
Passons sur les bricoles : la première escalade en solitaire, Intégrale, de la paroi sud de l'Acongagua, le sommet des Andes (6.959 mètres), réalisée en février 1981 : une belle muraille de 3.000 mètres de dénivelée. Depuis, installé à Chamonix avec Marie-Jeanne, Ivan exerce le métier de guide, de conférencier et de conseiller technique auprès de fabricants de matériel de montagne.
Marie-Jeanne, la blonde Aixoise, sait bien qu'elle n'est pas la seule à partager la vie d'Ivan. La montagne est une rivale exigeante.